Une évolution positive se manifeste dans le domaine de la culture de sécurité dans les hôpitaux belges. C'est ce qui ressort d'une étude de benchmark de l'Université de Hasselt - groupe de recherche Sécurité du patient. L'étude, à laquelle ont participé plus de 51.000 prestataires de soins et 137 hôpitaux, a enregistré la perception de la culture de sécurité ambiante. L'étude a été financée par le SPF Santé publique.

La "culture de sécurité" est connue surtout dans le secteur nucléaire et dans l'aéronautique, mais gagne en importance dans le domaine des soins de santé également. "Il ne s'agit pas seulement du respect de protocoles ou de procédures de sécurité, mais aussi de l'ouverture et de la confiance au sein d'une organisation, de l'authenticité et de l'attitude d'exemple des dirigeants et d'une bonne communication", déclare le Dr Annemie Vlayen (UHasselt) qui a dirigé l'étude.  "Si l'on veut améliorer la sécurité du patient de façon systématique, il importe d'assurer un suivi régulier de la culture de sécurité dans les hôpitaux."

137 hôpitaux belges ont participé à cette dernière mesure de la culture de sécurité (la troisième, après la mesure de référence en 2007 et une deuxième mesure en 2011). Au moyen d'un questionnaire standardisé validé, les prestataires de soins ont été interrogés sur leur perception de la sécurité du patient dans leur environnement de travail. "L'étude ne mesure donc pas les incidents de sécurité réels avec des patients", précise le Dr Vlayen.  Au total, 51.573 collaborateurs hospitaliers ont participé à cette mesure, parmi lesquels 30.834 membres du personnel infirmier/auxiliaire et 4.567 médecins. "Sur les trois mesures de 2007, 2011 et 2015, nous avons récolté au total les réponses de 167.400 collaborateurs hospitaliers. C'est le plus vaste ensemble de données en son genre en Europe."

Directions hospitalières
Un premier constat frappant de cette dernière mesure est que le (sentiment de) soutien de la direction à la sécurité du patient a continué à progresser.  Annemie Vlayen: "Dans les hôpitaux généraux, on parle, par comparaison avec 2007, d'une augmentation de 15,2% du nombre de perceptions positives. Ceci démontre que la direction accorde une priorité accrue à la sécurité du patient – et répercute celle-ci au niveau du milieu de travail."

Les chercheurs ont également constaté des progrès en ce qui concerne divers aspects importants de la sécurité dans l'unité de soins.  "Des dirigeants qui accordent davantage d'attention à l'application de procédures pour la sécurité du patient, par exemple.  Ou une meilleure collaboration en tant qu'équipe et un meilleur suivi des actions d'amélioration."

Simultanément, l'étude révèle une faible disposition des collaborateurs hospitaliers à signaler des incidents – comme des erreurs de médication – lorsque ceux-ci surviennent dans un environnement de travail. Ceci est en partie lié, selon les chercheurs, à la culture "punitive" encore souvent prédominante. "Seul un tiers des répondants affirme "ne pas avoir peur" de signaler ce genre d'incidents. Dans de nombreux cas, par crainte que ces incidents ne soient enregistrés dans leur dossier personnel", affirme le Dr Vlayen. "Une culture de "shame and blame" rend souvent toute ouverture impossible. Cette ouverture est pourtant nécessaire pour tirer des leçons."

Informations concernant le patient
Un autre point d'action mis en avant par l'enquête: un effectif insuffisant pour faire face à la charge de travail, surtout au niveau du personnel infirmier et des pharmaciens hospitaliers. "Mais le plus grand défi se situe quand même dans l'amélioration du transfert d'informations relatives au patient entre les unités", déclare le Dr Vlayen. "Outre des mesures structurelles, comme un dossier patient informatisé, la solution réside dans une communication ouverte et améliorée en matière de sécurité et dans un échange d'informations plus harmonieux entre médecins et personnel infirmier, par exemple, lors du transfert de patients."

Une évolution importante au sein des hôpitaux est l'obtention d'une accréditation – un instrument visant à améliorer la qualité des soins hospitaliers.  La sécurité en est un élément explicite. "Quelques hôpitaux flamands ont déjà obtenu une telle accréditation, beaucoup d'autres sont en phase préparatoire. Notre étude révèle que c'est au sein de ces hôpitaux accrédités que l'on enregistre de meilleures perceptions en ce qui concerne, par exemple, le feedback et la communication sur des actions d'amélioration, la notification d'incidents... Cette même tendance s'observe dans les hôpitaux qui sont en train d'accomplir un trajet d'accréditation, surtout quand on les compare à des hôpitaux qui n'ont pas encore obtenu d'accréditation ou qui n'ont pas encore entamé un tel trajet."

Dix ans de benchmarking
Selon les chercheurs encore, le rapport offre aux hôpitaux participants une opportunité unique de benchmarking. "Les hôpitaux peuvent voir précisément où ils se situent sur le plan de la culture de sécurité, et cela pour douze domaines différents, tant au niveau de l'organisation et de l'unité de soins qu'au niveau des groupes professionnels", dit Annemie Vlayen.  Le rapport de benchmarking permet en outre aux hôpitaux de surveiller leur évolution interne dans ces domaines: avant et après une fusion, avant et après l'accréditation, avant et après l'introduction de trajets/d'initiatives d'amélioration spécifiques...".