Le Paardenmarkt est un dépôt de munitions situé à moins d'un kilomètre de la plage de Knokke-Heist. En 1919, après une série d'incidents sur terre, le gouvernement belge a décidé de jeter au large des côtes les munitions laissées par l'armée allemande.
Cette approche était assez courante à l'époque et a également été adoptée par de nombreux autres pays, à l’issue de la Seconde Guerre mondiale. Ensuite, cette décharge est tombée dans l'oubli jusque dans les années 1970. Lors des préparatifs de l'agrandissement du port de Zeebrugge, les dragues ont rencontré plusieurs obstacles. Les enquêtes de plongée ont montré qu'il s'agissait de munitions. Des mesures acoustiques et magnétiques ont permis de délimiter un pentagone qui encadre le dépôt de munitions. Les activités qui perturbent le fond telles que la pêche, le mouillage et l'extraction de sable sont interdites.
Photo historique du Paardenmarkt (© SPF Santé publique, Sécurité de la Chaîne alimentaire et Environnement)
Gestion du site
Depuis 1995, la DG Environnement est responsable de la gestion du site. A ce moment-là, diverses études ont mené aux conclusions suivantes : les munitions étaient désormais complètement recouvertes de sédiments, aucune trace de polluants s’échappant des munitions n’a été constaté lors des échantillonnages annuels ni aucun risque de fuite dû, par exemple, à un incident avec un navire échoué (les conséquences d’un tel incident étant très limitées). Il a donc été décidé de laisser les munitions en l’état ; le nettoyage ou l'encapsulation des munitions ne s'avérant pas être une solution.
En raison de la grande quantité de munitions entreposées, la collecte et le traitement des munitions dans le cadre d’une opération de nettoyage est une tâche très chronophage qui prendra des décennies quelques soient les ressources mobilisées. De plus, il existe un risque réel que les munitions rouillées se désagrègent lorsqu'elles sont récupérées, libérant leur contenu toxique d'un seul coup au lieu de progressivement sur de nombreuses années. L'autre option est l'encapsulation avec une couche protectrice placée sur la décharge. La couche de sédiments qui la recouvre actuellement peut d’ailleurs être considérée comme une forme d'encapsulation. Compte tenu de la faible profondeur de l'eau, du coût élevé des travaux et du fait que l'encapsulation rend le nettoyage encore plus difficile – même si les innovations technologiques permettent ce nettoyage – l'encapsulation n'est pas non plus la solution idéale.
Carte indiquant l'emplacement du Paardenmarkt (Pentagone rouge) (© SPF Santé publique, Sécurité de la Chaîne alimentaire et Environnement)
Un plan d’approche
En 2018, la campagne de surveillance a montré pour la première fois des traces de résidus d'explosifs localisés au centre du site, ce qui a été confirmé dans les campagnes des années suivantes. Les valeurs mesurées étaient inférieures aux concentrations maximales autorisées pour ces substances et ne constituaient donc pas une menace pour la santé publique ou le milieu marin. Ce sont des techniques d'analyse plus perfectionnées qui ont permis de détecter ces concentrations minimales. Dès lors, les campagnes d'échantillonnage pourraient être considérées comme un système d'alerte précoce.
En réponse à la détection de polluants en 2018, les efforts de surveillance ont été intensifiés. Mandaté par le ministre de la mer du Nord, un plan d’approche 2020-2024 a été élaboré, suivi depuis par un nouveau plan pour la période 2024-2028.
Dans le plan d'approche, trois thèmes sont abordés, à savoir :
- Identification des dangers et des risques : Quel danger la décharge de munitions représente-t-elle pour le milieu marin et la santé humaine ? Quels sont les risques qui y sont associés ?
- Stratégie de surveillance: De quelle manière les dangers et les risques sont-ils surveillés au Paardenmarkt ? La stratégie de surveillance actuelle est-elle adéquate ou des efforts supplémentaires sont-ils nécessaires ?
- Stratégie de solution: La "stratégie zéro" (laisser le site en l'état autant que possible) est-elle toujours la manière la plus appropriée d'aborder le Paardenmarkt ? Dans quelle situation cette stratégie devrait-elle être abandonnée ? En cas d'abandon de la stratégie zéro, quelle autre stratégie devrait être adoptée ?
Il s'appuie sur les nombreuses études et rapports réalisés à ce jour, en mettant l'accent sur ceux réalisés au cours des quatre dernières années et sur les missions en cours.
La meilleure compréhension de la situation actuelle près du Paardenmarkt est le résultat d'une bonne collaboration entre plusieurs experts étroitement impliqués dans la recherche sur le Paardenmarkt. Il s'agit notamment des Laboratoires de la Défense (DLD), de l'Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique (KBIN), de l'Institut Flamand de la Mer (VLIZ), de l'Université de Gand (UGent), de l'Université d'Anvers (UA), de l’Antwerp Maritime Academy, de l'Ecole Royale Militaire (RMA) et d'experts au sein d'entreprises spécialisées. Le présent plan est le résultat de nombreuses discussions bi- et multilatérales et d'un retour d'information sur des questions pertinentes au fil des ans.