Restaurer la nature dans notre mer du Nord

Vue d'en haut, notre mer du Nord ressemble à une masse d'eau uniforme. Cependant, sous la surface de l'eau, on trouve une grande diversité de faune, de flore et d’habitats. Cette biodiversité est actuellement soumise à une forte pression due aux perturbations humaines et aux changements climatiques. Dès lors, comment restaurer la nature dans notre mer du Nord ?


©Saskia Van Gaever - service Milieu Marin 
 

Une nature précieuse en mer du Nord

Malgré sa petite taille, la partie belge de la mer du Nord abrite une riche biodiversité de plus de 2000 espèces ! Il existe plusieurs habitats, chacun abritant toute une série d'espèces. Cette diversité est due, entre autres, aux nombreux bancs de sable de la zone, aux courants et marées prononcés, au gradient alimentaire (variation dans la concentration en nutriments) dû à l'influence de l'Escaut et aux grandes variations du type de sédiments présents sur le fond.

Cependant, ces habitats sont actuellement soumis à une forte pression en raison des perturbations dues aux activités humaines et au changement climatique. La hausse des températures, l'acidification de l'eau de mer, la pollution et la perturbation des fonds marins ne sont que quelques exemples des menaces qui pèsent sur l'environnement marin.

Les habitats les plus précieux d'un point de vue biologique que nous avons actuellement dans notre mer du Nord sont les lits de gravier (zones de pierres grossières) et les agrégations du ver tubicole (Lanice conchilega). Ces deux habitats sont des éléments de stabilité dans les conditions plutôt turbulentes de la mer du Nord et offrent ainsi un abri à de nombreuses espèces différentes. Cependant, la pression exercée sur ces habitats les a laissés dans un état fortement dégradé et/ou appauvri. Dans le passé, notre mer du Nord accueillait également des bancs d'huîtres plates européennes (Ostrea edulis), qui étaient de véritables « hotspots » pour la biodiversité. Ceux-ci ont complètement disparu au début du 20e siècle en raison de maladies et de la surpêche.

Pourquoi restaurer la nature dans la partie belge de la mer du Nord ?

Plusieurs directives, conventions et stratégies de l'UE, telles que la directive-cadre "Stratégie pour le milieu marin", la directive "Habitat", OSPAR et UNCLOS, insistent sur l'importance de restaurer et de protéger les écosystèmes marins sains. Un réseau cohérent de zones marines protégées est essentiel pour y parvenir. Compte tenu de l'état d'appauvrissement de la nature dans notre mer du Nord, la protection de la nature présente n'est pas toujours suffisante. Il est parfois nécessaire de faire des efforts supplémentaires et, à l'instar des pays voisins, de restaurer la nature afin d'annuler les effets d'années de perturbation humaine et de la perte de biodiversité qui en découle. Il s’agit de donner un coup de pouce à de précieux habitats qui sont actuellement en difficulté. Ce n'est pas seulement essentiel pour les espèces qui y vivent : des écosystèmes sains et bien développés agissent comme un tampon contre le changement climatique et peuvent également offrir des avantages pour la pêche, le tourisme côtier et la qualité de l'eau. 

La restauration de la nature vise à réparer les dommages que les activités humaines ont causé aux écosystèmes naturels. Ces écosystèmes sont restaurés afin de revenir à leur état antérieur, avant que ces activités n'aient lieu, ou de parvenir à une situation équivalente à l'état actuel mais sans activités humaines. La restauration de la nature peut inclure à la fois des stratégies passives (arrêt des activités locales dommageables afin de rétablir l'équilibre de l'écosystème) et des stratégies actives (restauration d'une valeur négative ou création d'une valeur ajoutée pour au moins un service écosystémique sans valeur négative pour les autres services écosystémiques).

Priorités de la restauration de la nature : 3 habitats

Ce que la restauration de la nature implique réellement n’est pas toujours clair. Il en est de même  quant aux actions de restauration à privilégier afin d'avoir l'impact le plus positif sur l'écosystème. C'est pourquoi le service Milieu marin du SPF Santé publique a développé une « vision » sur la restauration de la nature dans la partie belge de la mer du Nord :

"Le service Milieu marin s'efforce de conserver et de restaurer les écosystèmes de la partie belge de la mer du Nord, en tenant compte du fait que ces écosystèmes sont transfrontaliers. Les efforts déployés dans la partie belge de la mer du Nord, ainsi que les efforts déployés dans les pays voisins, doivent donc contribuer à un écosystème autonome, fort et résilient, qui fournit de nombreux services écosystémiques à l'humanité."



Pour préparer cette vision, le service a effectué une analyse exploratoire afin de déterminer quelles initiatives de restauration de la nature existaient déjà en mer du Nord et dans les eaux environnantes. Ont également été examinés les opportunités et les défis dans le domaine de la restauration de la nature ainsi que la vision et les plans futurs de nos pays voisins. Sur cette base, nous 3 formes prioritaires de restauration de la nature ont été sélectionnées :

A.           Restauration des lits de gravier,
B.           Restauration des bancs d'huîtres,
C.           Amélioration d'autres bancs tels que les bancs de Lanice conchilega et de Sabellaria.

Pour chacune de ces formes de restauration de la nature, un objectif principal et des mesures prioritaires concrètes ont été définies afin de fixer, dans chaque cas : quatre objectifs intermédiaires :
1) Réduire la pression sur le système ;
2) Accroître les connaissances sur le système et les mesures de restauration possibles ;
3) Mettre en œuvre des mesures correctives ;
4) Sensibiliser les parties prenantes et le grand public.

Pour renforcer ce dernier objectif, le service de Milieu Marin a organisé le 31 mai 2022 un événement de lancement sur la restauration de la nature dans notre mer du Nord.