Pollution sonore en mer du Nord

La mer du Nord est l’une des mers les plus fréquentées au monde. Toute cette activité humaine engendre beaucoup de bruit sous l’eau. Cela peut avoir des effets néfastes pour les mammifères marins et d’autres organismes. Heureusement, des mesures existent pour limiter ces nuisances sonores.


Infographie : Bruit sous-marin dans la mer du Nord

Sources de bruit sous-marin

Au cours des dernières décennies, le bruit sous-marin généré par les activités humaines dans la partie belge de la mer du Nord a fortement augmenté. Les principales sources de bruit sous-marin sont la navigation maritime, la neutralisation d’explosifs, le sonar, la construction de parcs éoliens et l’extraction de sable et le dragage.

  • Navigation maritime : Les moteurs et hélices produisent un bruit continu qui se propage sur de longues distances.
  • ​​Neutralisation d’explosifs : Des munitions non explosées (UXO), par exemple datant de la Seconde Guerre mondiale, sont parfois volontairement déclenchées, provoquant de puissantes ondes sonores.
  • Sonar : Le sonar est une technique qui utilise des ondes sonores pour mesurer la distance des objets sous l’eau et pour naviguer. Un signal (« ping ») est émis, puis réfléchi par le fond marin et les objets immergés. L’image sonar est obtenue à partir de ces réflexions. Cette technique est utilisée chez nous à des fins militaires et pour des études géophysiques.
  • Construction de parcs éoliens : Enfoncer les fondations dans le sol marin (le battage) provoque un bruit particulièrement intense.
  • Extraction de sable et dragage : Lors de ces opérations, un navire équipé de puissantes pompes et d’un tuyau d’aspiration raclant le fond – une sorte d’aspirateur – aspire le sable, l’argile et la vase du fond marin.

Conséquences du bruit sous-marin 

Pour de nombreuses espèces marines, comme les mammifères marins, les poissons et même les invertébrés, l’ouïe est un sens crucial. Comme la lumière est limitée sous l’eau, le son joue un rôle essentiel dans leur survie. Les ondes sonores les aident à s’orienter, à communiquer, à chercher de la nourriture et à se reproduire. De plus, les ondes sonores se propagent beaucoup plus efficacement sous l’eau que dans l’air : elles sont à peine atténuées et se déplacent cinq fois plus vite, jusqu’à 1 500 mètres par seconde. De plus en plus d’études montrent que la pollution sonore en mer a un impact négatif sur la vie marine.

Quelques effets importants sont :

  • Masquage des signaux biologiques : De nombreux animaux utilisent le son pour communiquer et comprendre leur environnement. Les sons d’origine humaine peuvent perturber leurs appels et leur écholocation (l’utilisation d’ondes sonores et de leurs échos pour localiser des objets). Cela complique, par exemple, la recherche de nourriture, la reproduction ainsi que leur communication et leur orientation.
  • Comportements modifiés : En réaction au bruit, les animaux modifient leurs habitudes. Ils fuient certaines zones ou changent leurs schémas de communication, ce qui peut affecter leurs chances de survie.
  • Blessures et mortalité : L’exposition à des sons intenses peut entraîner des lésions auditives temporaires ou permanentes chez les mammifères marins et les poissons. La vessie natatoire remplie de gaz des poissons peut également être endommagée par des niveaux sonores très élevés, comme ceux causés par des explosions. Dans certains cas, cela peut être fatal.
          
 

Solutions possibles pour réduire les nuisances sonores en mer

Le bruit sous-marin est un problème croissant dans la mer du Nord belge. Comme le son se propage sur de longues distances, il s’agit également d’un enjeu transfrontalier. C’est pourquoi une coopération régionale est en cours avec différents pays riverains de la mer du Nord. Dans le cadre de la convention OSPAR, un plan d’action régional pour le bruit sous-marin (Regional Action Plan for Underwater Noise) est actuellement en cours d’élaboration. Ce plan comprend des actions nationales et collectives visant à réduire les nuisances sonores.

Des mesures existent pour limiter l’impact du bruit sous-marin, telles qu’un meilleur design des navires, une vitesse de navigation réduite, l’utilisation de rideaux de bulles autour des pieux ou encore le démarrage progressif des sonars ou des machines utilisées pour le battage.


Affiche : Comment réduire le bruit sous-marin des navires

  • Un meilleur design des navires : Des innovations telles que des hélices plus efficaces, des moteurs silencieux et des coques améliorées peuvent réduire considérablement la production sonore des navires. Pour en savoir plus, consultez cette étude sur la réduction des émissions et du bruit sous-marin causés par le transport maritime. Depuis 2023, de nouvelles lignes directrices ont été adoptées pour limiter le bruit sous-marin émis par les navires commerciaux. Elles intègrent de nouvelles connaissances techniques, des références à des normes de mesure internationales ainsi que des outils tels que des modèles de plans de gestion du bruit. Ces lignes directrices révisées ont été élaborées par le sous-comité de la conception et de la construction des navires de l’Organisation maritime internationale (OMI).
  • ​Réduction de la vitesse de navigation : Réduire la vitesse est un moyen simple de limiter les nuisances sonores, de diminuer la consommation de carburant et de réduire les émissions. Une telle mesure doit être décidée au niveau international afin de garantir des conditions équitables pour tous les navires. Pour en savoir plus, consultez cette étude sur les effets d’une réduction de la vitesse des navires.
  • Atténuation du bruit du battage : Des rideaux de bulles autour des pieux de fondation des éoliennes en mer peuvent réduire le bruit. Il existe aussi des marteaux spéciaux qui exercent une pression au lieu de frapper, ce qui génère moins de bruit.
  • Avertir les animaux : Il est possible d’éloigner les animaux avant qu’ils ne subissent des dommages liés à un bruit trop intense en émettant un signal sonore désagréable pour eux. De plus, les machines bruyantes (sonars, marteaux de battage) peuvent être mises en marche progressivement, ce qui permet aux animaux de s’éloigner à temps. Des observateurs peuvent également surveiller la zone afin de suspendre les travaux si un mammifère marin est repéré.
  • Cadre réglementaire : La stratégie marine belge prévoit que les sources sonores impulsionnelles ne doivent pas dépasser un certain seuil. En 2024, la Commission européenne a fixé des limites pour le bruit sous-marin continu et impulsionnel, que les États membres doivent transposer. Lors de l’évaluation d’une demande de permis environnemental pour des activités en mer, le bruit sous-marin est pris en compte comme une pression environnementale. Le permis comprend des conditions visant à limiter l’impact sonore, et un suivi continu de ces activités est également essentiel.

Commandez ici du matériel d’information sur les nuisances sonores en mer

Le Service Milieu marin (SPF Santé publique) et la DG Navigation (SPF Mobilité) ont élaboré ensemble une campagne visant à sensibiliser le grand public aux nuisances sonores en mer. Commandez ici l’infographie, l’affiche et le flyer sur le bruit sous-marin.

Liens utiles

Plus d’informations

En 2020, deux études sur le bruit sous-marin ont été réalisées par le bureau de recherche TNO à la demande du service Milieu marin de notre SPF. Consultez ici les études (études complètes en anglais – résumé en français et en néerlandais) :