En janvier, la Commission européenne a lancé une stratégie visant à lutter contre les déchets plastiques. Celle-ci fournit les éléments permettant de donner aux plastiques un rôle dans « l’économie circulaire », qui réutilise sans cesse les matières premières. Le 18 avril, les autorités belges ont réuni toutes les parties prenantes afin d’examiner ce qui peut encore être amélioré dans cette stratégie et de définir la position de la Belgique dans les débats européens qui traiteront prochainement de cette thématique.

Prévention

C’est avec satisfaction que les autorités belges constatent que la Commission présente une stratégie ambitieuse qui entend prendre le problème des déchets plastiques à bras-le-corps.

La stratégie envisage le cycle de vie complet des matières et propose des mesures visant les différents stades du produit : conception, utilisation, déchet. La Belgique est convaincue que l’on pourrait mettre encore davantage l’accent sur la prévention. Elle part du principe qu’il vaut mieux éviter de recourir aux matières plastiques que d’organiser un système de recyclage efficace.

Une stratégie qui cible tous les secteurs concernés

S’il est évident que les emballages ont un impact majeur, ils ne sont pas le seul aspect que la stratégie doit cibler. Pour d’autres produits aussi, un cadre (légal ou non) peut être un plus. La stratégie fait face à plusieurs défis, dont la coordination des parties prenantes. En effet, il ne s’agit pas ici d’un problème environnemental classique et délimité. Toutes sortes d’acteurs économiques auxquels on ne pense pas d’emblée sont également concernés. On peut citer, à cet égard, la pêche, l’agriculture, le tourisme, etc. Ces secteurs s’ajoutent à l’industrie de fabrication et de transformation des matières plastiques, aux centres de tri et de recyclage, et tant d’autres. Il n’est pas à exclure que certains secteurs n’aient pas encore conscience du rôle majeur qu’ils peuvent jouer à ce niveau.

Innovation

Par ailleurs, la Belgique apporte un appui marqué aux projets innovants dans le secteur du recyclage. Tout d’abord, l’amélioration du tri permet de garantir des flux de matières ayant été bien recyclées. De même, le recyclage chimique, qui en est encore à ses prémices, se montre prometteur. Cette technique devrait permettre d’éliminer les additifs et les substances indésirables (parfois dangereuses) des plastiques. Avec, en aval, le développement de flux de matières non toxiques.

Biomatériaux

Pour ce qui est des « bioplastiques », à savoir aussi bien les plastiques fabriqués à partir de matières premières biologiques, biodégradables, que les plastiques compostables, il faut toujours penser à l’utilisation finale de cette matière. Dans certains produits, elle pourra indéniablement apporter une plus-value, mais il faut aussi se demander quel sera son impact sur l’environnement. Est-ce qu’en remplaçant une substance par une autre, on améliore réellement les choses ? Dans certains cas, par exemple, il pourrait être intéressant d’utiliser des produits compostables, mais, il n’est pas rare que ceux-ci posent problème pendant le processus de recyclage. Par ailleurs, lors de la biodégradation, vous « perdez » de la matière, ce qui n’est pas le cas dans le cadre du recyclage. Il faut dès lors mettre les avantages et les inconvénients en balance.

La Belgique dispose depuis plusieurs années déjà d’une législation qui réglemente la mise sur le marché des produits biodégradables, compostables et compostables à domicile. Ces produits doivent répondre à des règles strictes et démontrer qu’ils tiennent leurs promesses. Cette législation pourrait servir d’exemple à la norme européenne que la Commission souhaite élaborer.

Micro-plastiques

En outre, la Commission européenne souhaite interdire les micro-plastiques délibérément ajoutés, comme les plastiques « oxodégradables ». Ces derniers se décomposent rapidement en micro-plastiques invisibles et ne contribuent donc pas à résoudre le problème des déchets sauvages. C’est pourquoi la Belgique est favorable à une interdiction de ces matières. Début 2018, la ministre Marghem a conclu un accord sectoriel avec le secteur cosmétique sur l’élimination progressive et volontaire de l’utilisation des micro-plastiques. Étant donné que les plastiques oxodégradables ne peuvent prouver leur biodégradabilité complète, la Belgique a déjà interdit aussi leur utilisation.

https://www.health.belgium.be/fr/news/accord-sectoriel-pour-moins-de-microplastiques

Interdiction des produits en plastique à usage unique

La Commission formulera prochainement une proposition législative sur l’interdiction de certains produits jetables en plastique. La Belgique pourrait apporter son soutien à une telle interdiction pour autant que l’on puisse apporter la preuve qu’il existe des alternatives moins néfastes à l’environnement. Si c’est le comportement du consommateur qui est à l’origine de l’impact sur l’environnement (déchets sauvages, emballages « à emporter », etc.), il vaut mieux se concentrer sur cet aspect car ce n’est pas en recourant à des matières alternatives que l’on pourra changer le comportement du consommateur.

Sensibilisation des consommateurs

Il est inutile de recycler toujours plus si les matières recyclées ne sont, en fin de compte, pas réellement utilisées. Dans cette optique, la Belgique souhaite attirer l’attention sur les réticences potentielles à l’utilisation du plastique recyclé. De nombreux producteurs n’osent pas les utiliser par crainte de la réaction des consommateurs. C’est pourquoi il importe de convaincre les consommateurs que le plastique recyclé est parfaitement sûr, de même qualité et beaucoup plus respectueux de l’environnement. Si la demande des consommateurs en produits recyclés augmente, l’offre des producteurs s’adaptera automatiquement.

Liens utiles

La stratégie sur les matières plastiques de la Commission européenne : http://ec.europa.eu/environment/circular-economy/index_en.htm

L’attitude des citoyens européens à l’égard de l’environnement (et d’autres problèmes environnementaux) : http://ec.europa.eu/commfrontoffice/publicopinion/index.cfm/Survey/getSurveyDetail/general/doChangeLocale/locale/fr/curEvent/Survey.getSurveyDetail/instruments/SPECIAL/surveyKy/2156/

Les documents et le calendrier du Parlement européen : http://www.europarl.europa.eu/oeil/popups/ficheprocedure.do?reference=2018/2035(INI)&l=FR