A tous ces héros anonymes et sans médailles :

Diego
José Marcel


Diego



Diego est mort parce qu’il a eu la malchance de croiser la route d’une automobiliste distraite. C’est effroyable mais c’est comme ça. 
 
Lorsque la proposition du don d’organes nous a été proposée, c’était un choc.
Apprendre le décès de son enfant et, l’instant d’après, prendre une telle décision n’était pas facile. Le cœur de Diego bat toujours, une machine le fait respirer…
 
Il n’a pas mal, il ne va plus se réveiller, il est en mort cérébrale.
Si je le laisse comme ça, dans quelques heures, son cœur cessera de battre et c’est fini… Il sera mort pour rien, juste par malchance.
Mais si j’accepte, il peut permettre de sauver des vies.
 
Avec le recul, je repense à ce moment du choix.
C’est difficile, on est habitué à tout faire pour ne pas penser à la mort.
C’est sans doute, une bonne chose si on veut profiter de la vie.
Et pourtant…
 
On devra évidemment toujours prendre la décision pour son enfant mais pour nous, les adultes ?
Avant l’accident, je ne m’étais jamais intéressé à faire connaître ma volonté.
Je pensais : lorsque je mourrai, on fera ce qu’on veut de mon corps.
Pourtant, à ne rien faire, ce choix revient à la famille.
C’est beaucoup plus facile à accepter pour elle s’il s’agit de respecter la volonté du défunt.
 
Diego a sauvé des vies, c’est un héros.
Il y en a déjà beaucoup, tous anonymes et sans médailles… mais ce n’est malheureusement pas assez.

 Et s’il inspirait d’autres personnes qui, peut-être, deviendraient à leur tour des héros, ce serait formidable pour l’humanité.
 
Nous ne savons rien des enfants qui ont reçu ses organes.
Ce n’est pas important même s’ils sont devenus tellement importants à nos yeux.
Pour avoir discuté avec quelques personnes greffées, c’est la même chose de leur côté.
 
Ils ne savent rien du donneur… mais il est évidement important dans leur vie.
Une dame m’a dit un jour : « je prends soin du rein qu’un jeune m’a donné.  En faisant cela, je prends soin de lui. »
 
Aujourd’hui, plus que jamais, nous sommes convaincus d’avoir pris la meilleure décision.
Nous avons donné un sens à un départ qui n’en avait pas.
Du haut de ses 12 ans, Diego a sauvé des vies, il a évité à d’autres familles de vivre la même chose que nous et permis à des enfants de poursuivre leur chemin.
 
Nous sommes extrêmement fiers de lui.
 
Fabrice, le papa de Diego


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José Marcel



On sonne. La police est à la porte. Notre fils de 22 ans a eu un accident de vélo. Très grave. Avec anxiété et dans un grand désarroi, nous nous rendons à l’hôpital. Il est en état de mort cérébrale.

Avant que les médecins n’en parlent, j’ai demandé de combien de temps nous disposions avant que ses organes ne soient donnés. Nous aurions aimé que notre fille, qui n'habite pas à proximité, puisse lui dire au revoir. Au bout de trois mois, j'ai contacté le service des dons d'organes...

Quel réconfort et quelle bonne sensation c'était d'entendre que les organes de notre fils continuent à vivre pour donner aux autres une meilleure qualité de vie. Il a pu donner pourrait son cœur, un rein, son foie et de la peau. Il aurait été fier. Il a beaucoup donné durant toute sa vie.

En raison des mesures Coronavirus, nous n’avons pu organiser une belle fête d’adieu que 4 mois plus tard. Quelques jours auparavant, j’ai été autorisé à rappeler le service de don d’organes. Le receveur du cœur était malheureusement mort d'une infection à Covid19.
C’était un nouvelle regrettable car le cœur est si symbolique, le moteur du corps… Ce moment a été très émotionnel. Un court moment car la joie était grande car les receveurs du foie et du rein vont très bien. C’est une belle consolation, un sentiment de chaleur.
Ses semblables, dont le nombre est sans précédent, ont une vie meilleure grâce à ces dons.

Joost Baert, le papa de José Marcel Baert.