La mer regorge de vie : sous la surface de notre mer du Nord se cache une grande variété de faune et de flore. Cette biodiversité est soumise à une forte pression due aux perturbations humaines et aux changements climatiques. La restauration d'habitats précieux tels que les lits de gravier et les bancs d’huîtres est cruciale. Ainsi, la mer du Nord peut à son tour nous protéger en tant que tampon important contre le changement climatique et d'autres menaces. Le 31 mai, le service Milieu marin du SPF Santé publique a présenté sa vision des mesures de restauration de la nature lors d'un événement de lancement à Ostende, soutenu par le ministre de la Mer du Nord, Vincent Van Quickenborne. Trois habitats essentiels sont concernés : les lits de gravier, les bancs d’huîtres et les bancs de vers tubicoles.

Trois scientifiques et l’acteur et chanteur Wim Opbrouck ont présenté le monde merveilleux des fonds marins de notre mer du Nord.

 

de g. à droite : Gert Van Hoey (ILVO), Hein Sas (NORA), Vincent van Quickenborne, Yana Deschutter (service Milieu marin) et Steven Degraer (IRSNB)
 
Wim Opbrouck, acteur et chanteur
 

Dans la partie belge de la mer du Nord, on trouve différents types de sols : du sable fin aux zones à gros cailloux, également appelées lits de gravier. Cette diversité fait que de nombreuses espèces différentes - plus de 2 000 au total - y vivent. Les lits de gravier et les agrégations de vers tubicole (lieux où ce ver est présent en grand nombre) offrent stabilité et abri dans les eaux turbulentes de la mer du Nord.

Menaces pour la nature dans la mer du Nord

Cependant, l'augmentation des températures, l'acidification de l'eau de mer, la pollution et la perturbation des fonds marins menacent le milieu marin. En raison de ces pressions, les lits de gravier et les agrégations de vers tubicoles s’appauvrissent. Les bancs d'huîtres plates européennes, qui étaient de véritables hotspots pour la biodiversité, ont disparu au début du 20e siècle en raison des maladies et de la surpêche. La dégradation des bancs de gravier constitue un obstacle supplémentaire à la réimplantation de l'huître.

Récemment, cependant, des scientifiques de l'Institut royal des sciences naturelles de Belgique (IRSNB) ont découvert un lit de gravier dans un état remarquable ainsi que le premier spécimen vivant d'huître plate européenne sur le fond marin belge depuis des décennies. Cela montre qu'il est encore possible de restaurer ces habitats pour en refaire les hotspots de biodiversité qu'ils étaient autrefois.

Pourquoi la restauration de la nature est-elle nécessaire ?

La protection de la nature existante par un réseau de zones protégées est essentielle, mais pas suffisante. La restauration de la nature va plus loin et est nécessaire. Il faut intervenir pour réparer les dommages que les activités humaines ont causé aux écosystèmes naturels et donner ainsi un coup de pouce à ces précieux habitats en grande difficulté. Ceci est essentiel pour les espèces qui y vivent. En outre, des écosystèmes sains et bien développés sont un tampon contre les changements climatiques. Ils peuvent également contribuer à la qualité de l'eau et offrir des avantages pour la pêche et le tourisme côtier. 

Formes prioritaires de restauration de la nature : trois habitats

Les entreprises et les autres utilisateurs de la mer du Nord sont de plus en plus conscients de l'importance de protéger la nature. Afin d'encourager, de renforcer et d'orienter cette évolution dans la bonne direction, le service Milieu marin a élaboré une vision qui rassemble les mesures à prendre par tous ceux qui souhaitent participer à cette restauration. La mer du Nord ne s'arrête pas aux frontières nationales. La coopération internationale est également cruciale pour restaurer la nature de manière efficace.

Trois formes prioritaires de restauration ont été retenues : la restauration des lits de gravier, la restauration des bancs d'huîtres et la revalorisation d'autres bancs, comme les agrégations de vers tubicoles. Pour chacune de ces priorités, différents objectifs, cibles intermédiaires et mesures ont été élaborés, qui peuvent servir de guide. Il s'agit, par exemple, de réduire la pression exercée par les activités de perturbation du fond, de déterminer les emplacements pour le déversement de nouveaux graviers et la construction de bancs d’huîtres.


Lors de l'événement "La restauration de la nature dans la partie belge de la mer du Nord" à De Grote Post à Ostende, trois intervenants ont présenté ces différents habitats et comment ils peuvent être restaurés. Ceci en collaboration avec Wim Opbrouck, qui a partagé avec le public son émerveillement devant la beauté de la mer du Nord. L'artiste Jamz Jamezon a aussi donné vie aux différents habitats avec ses œuvres d'art.

Les lits de gravier : lieux de reproduction et de nurserie

Les lits de gravier ont une fonction importante en tant que lieux de reproduction et de nurserie pour de nombreuses espèces. Ils sont essentiels pour les espèces qui ont besoin d'un substrat dur pour pondre leurs œufs (comme la sépiole d’Atlantique (ou petite seiche), les petits gastéropodes ou petits coquillages). D'autres espèces, comme la seiche, la roussette et d'autres espèces de requins, fixent leurs œufs sur des éponges, des bryozoaires et des colonies de polypes hydroïdes.

Certains petits lits de gravier qui ont été partiellement épargnés par les perturbations humaines en raison de leur emplacement difficile d'accès, semblent encore constituer un refuge pour certaines espèces vulnérables, tel que l’alcyone (doigt de mort), un corail mou pouvant atteindre 20 cm de haut. "Les lits de gravier et leur riche vie sous-marine forment ensemble un fourré dense, une cachette idéale", explique Steven Degraer (IRSNB).

Les bancs d’huîtres : les “forêts primitives de la mer"

Les bancs d'huîtres plates européennes, qui se trouvaient sur et à proximité des lits de gravier, étaient également de véritables hotspots pour la biodiversité. Ils filtrent l'eau et, avec leurs nombreux coins et recoins, offrent des cachettes et des endroits où toutes sortes de jeunes vies peuvent grandir.

Hein Sas (Native Oyster Restoration Alliance (NORA), Nederlandse Schelpdierrif Herstel Alliantie (NSHA)) qualifie les parcs à huîtres de "forêts primitives de la mer" et compare leur restauration active à la création d'une forêt : "On ne démarre rien à partir de quelques arbres. Ce n'est que lorsque la forêt est suffisamment grande que les graines des arbres disséminées parmi les arbres parents, créent une forêt autonome, en expansion. Et c'est cet habitat riche que nous voulons récupérer."

Les vers tubicole, ingénieurs de l'écosystème

Le ver tubicole (Lanice conchilega) construit un tube avec des grains de sable. Les agrégations de vers tubicole constituent un habitat important pour de nombreuses espèces, notamment un certain nombre d'espèces à longue durée de vie et à croissance lente.

Ils jouent un rôle clé dans la construction des écosystèmes. Gert Van Hoey (Institut de Recherche de l’Agriculture et de la Pêche - ILVO) : "Les vers tubicole sont les ingénieurs de la mer du Nord : en construisant leurs tubes en haute densité, une véritable ville sous-marine est créée." En protégeant cette espèce, nous protégeons également l'ensemble de la communauté.

Vincent Van Quickenborne, vice-Premier ministre et ministre de la Mer du Nord :37% de la mer du Nord belge ont été désignés comme zone protégée. Mais si nous voulons inverser les dommages causés à l'environnement marin au cours des siècles écoulés, nous devons également restaurer activement la nature. Pour unir nos forces à celles des experts, nous avons identifié trois habitats essentiels : les lits de gravier, les bancs d’huîtres et les bancs de vers tubicoles. En effet, si vous les restaurez, vous protégez l’ensemble de la vie dans la mer du Nord."

Avec cette vision, le service Milieu marin veut créer une plate-forme permettant aux personnes qui sont (ou pourraient être) impliquées dans la restauration de la nature dans notre mer du Nord de se rencontrer et de travailler ensemble pour atteindre des résultats durables d'une manière efficace.

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