Après le grand nettoyage de l'épave du West Hinder, c'était au tour du cargo échoué SS Kilmore. Une équipe de plongeurs professionnels a extrait de l'épave 8 tonnes de filets et de plombs de pêche, et d’autres déchets marins encore présents dans le bâtiment. Forts des résultats de ce projet, le service Milieu marin du SPF Santé publique entend sensibiliser les pêcheurs et les citoyens à l’importance d’éviter que des déchets ne se retrouvent dans la mer.

Un hotspot pour la biodiversité


Plusieurs épaves reposant au fond de la mer du Nord sont reconnues comme patrimoine culturel subaquatique. Le SS Kilmore, un cargo britannique qui a coulé en 1906 après être entré en collision avec un autre navire, en est un exemple.

Outre leur valeur historique et culturelle, les épaves ont également une valeur écologique importante. L'épave forme un récif artificiel pour de nombreux animaux marins, ce qui en fait une zone critique de biodiversité pour la faune et la flore. En tant que récif artificiel, l'épave offre un abri contre les prédateurs. Dans cet environnement sûr, les espèces peuvent se reproduire, ce qui a un effet positif sur la biodiversité dans toute la mer du Nord.


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Un hotspot pour les déchets

En raison de leur structure tridimensionnelle, les épaves constituent également un lieu où s’amassent les déchets marins. Chaque année, de grandes quantités de déchets plastiques sont amenées vers la mer par les égouts, les cours d'eau ou le vent. Une autre part importante de ces déchets qui se retrouvent dans les mers et les océans, provient du tourisme, de l'aquaculture et de la pêche.

Les filets fantômes, perdus ou abandonnés en mer par les pêcheurs, sont ballottés par les flots durant des années. Ces filets représentent un danger sérieux pour les animaux marins qui s'y empêtrent au risque de se retrouver pris au piège ou de se noyer.

En outre, les animaux croient que ces déchets plastiques sont de la nourriture. En conséquence, leur estomac se remplit de plastique indigeste qui ne contient aucun élément nutritif. Ils cessent alors de chercher de la nourriture, ce qui les affaiblit considérablement et peut causer leur mort.

Les microplastiques, petits morceaux de plastique de moins de 5 millimètres, sont également ingérés par les animaux marins. Ces particules de plastique arrivent ensuite dans nos assiettes par la chaîne alimentaire. Des microplastiques ont déjà été trouvés dans certains aliments et boissons tels que des moules, des huîtres, du miel ou encore dans l'eau du robinet.


Remontée des filets de pêche lors du nettoyage de l'épave ©  Ephyra duikteam / SPF Santé publique

 Le nettoyage du SS Kilmore en chiffres

La quantité de déchets découverts dans le SS Kilmore a été plus importante que prévu : au total 4,5 tonnes de filets de pêche et autres déchets plastiques, 3 tonnes de plombs de pêche et 0,5 tonne de fer et de chaînes ont été retirés de l'épave au cours des 25 jours de plongée. La récolte est donc encore plus importante que lors du nettoyage du West Hinder en 2019.

Les déchets trouvés dans les épaves nettoyées donnent une idée de l'énorme quantité présente dans les autres épaves de notre portion de la mer du Nord. Le nettoyage organisé à l'intérieur et autour des épaves fait partie du plan d'action fédéral contre les déchets marins, qui vise à prévenir le rejet de déchets et à éliminer ceux déjà présents dans l'environnement marin. A l'occasion de la Journée mondiale de l'environnement du 5 juin, consacrée cette année aux solutions contre la pollution plastique, le ministre de la Mer du Nord Vincent Van Quickenborne et le service Milieu marin du SPF Santé publique souhaitent, par cette initiative, sensibiliser les pêcheurs et les citoyens au danger que représentent les filets de pêche et autres déchets abandonnés pour la biodiversité.  

Vous souhaitez apporter votre pierre à l'édifice pour mieux protéger la mer du Nord ? Le site web www.lamercommencechezvous.be contient de nombreux conseils simples pour réduire vos déchets et éviter qu'ils ne finissent dans la mer. Après tout, la protection de la mer commence par vous !

Vincent Van Quickenborne, ministre de la Mer du Nord : «Des épaves sont présentes sur le fond de notre partie de la mer du Nord. Bon nombre d’entre elles ont une grande valeur culturelle et écologique. Malheureusement, elles sont autant de zones où s’amassent les déchets marins. Ceux-ci constituent une menace pour la riche vie marine qui les entoure. En effet, les animaux s'y empêtrent ou s'en nourrissent. Dès lors, un programme a été mis en place pour le nettoyage systématique des épaves. Pas moins de 8 tonnes de déchets provenant du « SS Kilmore » ont été ramenés à la surface, soit près du double de la quantité récoltée lors du nettoyage du « West Hinder » en 2019. Le développement de notre patrimoine subaquatique n'en est qu'à ses débuts mais il est en plein essor. Nous devons veiller à continuer à bien protéger ce patrimoine de la mer du Nord. Ainsi, nous serons également en mesure d’en partager la richesse avec tous. »