La réunion de la Commission Baleinière Internationale (CBI) à Portoroz (Slovénie) se termine avec un bilan que l’on peut considérer positif. Si la proposition de création d’un sanctuaire pour les baleines n’a toujours pas obtenu la majorité requise ; des conditions extrêmement rigoureuses encadreront désormais la délivrance des permis spéciaux pour la pêche scientifique. Des mesures urgentes ont été prises afin de protéger le dauphin Vaquita. Sa population est décimée, victime du trafic portant sur le poisson totoaba au Mexique, dont la vessie est appelée « cocaïne de la mer ». Enfin, The Global Bycatch Initiative répond à la problématique des prises accidentelles.

Les représentants des 88 pays membres de la Commission Baleinière Internationale ont, pendant une semaine discutés de diverses propositions afin de protéger les cétacés et de gérer la chasse à la baleine. Sur les 85 espèces de baleines, la plupart demeurent gravement menacées même si le moratoire sur la chasse commerciale (en vigueur depuis 1986) a une influence positive sur quelques espèces. Les prises accidentelles, les nuisances sonores, les collisions avec les navires et la pollution marine constituent de nouvelles menaces pour les cétacés.

Les négociateurs de Portoroz sont parvenus aux accords portant sur les mesures de protection suivantes:

  • Le Mexique doit prendre des mesures urgentes afin de protéger le dauphin vaquita. Ce dauphin - le plus petit mais aussi le plus menacé au monde - ne compte plus que 56 individus dans le Golfe de Californie. Il est capturé dans les filets des trafiquants qui pêchent le poisson totoaba dont la vessie est prisée en médecine chinoise traditionnelle.
  • Le moratoire sur la chasse commerciale a été automatiquement prolongé. En ce qui concerne la pêche scientifique, des conditions beaucoup plus rigoureuses ont été posées à l’octroi des permis spéciaux ainsi qu’à l’approbation des nouveaux programmes de recherche. Des pays comme le Japon ne pourront plus s’octroyer d’autorisations spéciales. Ils devront d’abord en référer au Comité Scientifique et à la CBI. Malgré une condamnation de la Cour Internationale, le Japon a encore tué 300 baleines de Minke à la fin 2015, sous couvert de ces permis spéciaux.
  • On trouve de plus en plus de mercure dans les baleines, ce qui nuit aux animaux et aux personnes qui mangent de la viande de baleine. C’est pourquoi davantage de programmes de monitoring et de recherche vont être menés et traités en liaison notamment avec la Convention de Minimata sur le mercure.
  • Le rôle majeur des baleines dans la protection des écosystèmes marins a été reconnu. De par leur sensibilité au stress, elles sont un véritable thermomètre de la santé de nos océans. La recherche scientifique est fondamentale afin de comprendre le fonctionnement des océans et de leurs habitants et de protéger les écosystèmes marins.
  • L'initiative Global Bycatch vise la prévention et l'adaptation aux prises accidentelles et doit fournir l'expertise nécessaire aux gouvernements, accords internationaux, autorités locales ainsi qu'aux pêcheurs. Chaque année, 300.000 baleines et dauphins meurent asphyxiés après avoir été pris dans des filets de pêche.
  • Les menaces causées par les activités humaines en mer comme les nuisances sonores, la pollution et les collisions avec les navires sont étudiées et identifiées. Le bruit des moteurs des bateaux et les collisions peuvent facilement être réduits en naviguant moins vite.

La création d’un sanctuaire pour les baleines au Sud de l’océan Atlantique, une proposition présentée entre autre par le Brésil, est sur la table depuis longtemps. Une fois de plus, elle n’a pas récolté la majorité des votes requis. La Belgique continuera à soutenir cette proposition dans la perspective de la prochaine réunion prévue en 2018, au Brésil. Elle a bon espoir qu’elle y sera enfin adoptée.

En tant que tout nouveau membre de l’IWC-SORP (“The Southern Ocean Research Partnership”), notre pays pourra jouer un rôle important dans la recherche menée sans tuer de baleines. Il existe déjà plusieurs programmes de recherche en Belgique menés par l’Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique et par des chercheurs universitaires au sujet des cétacés en mer du Nord et dans l’Antarctique.
En outre, depuis septembre 2016, la Belgique possède son propre réseau – the Belgian Cetaceans Network – qui rassemble des scientifiques, des associations de terrain, des ONG, des entreprises et des décideurs politiques. L’objectif de ce réseau est de préparer les décisions politiques que notre pays doit prendre au niveau national et international.

Enfin, la Belgique assume un rôle de premier plan au sein de la CBI en tant que présidente du groupe de travail sur le renforcement du financement de la CBI via le Fonds de Conservation Volontaire.

Pour plus d’informations sur les baleines et les dauphins :