La COP16 sur la Biodiversité se déroule actuellement à Cali, en Colombie. Commencée ce 21 octobre, elle se clôturera le 1er novembre. Une délégation belge est présente à chacune de ces réunions, dont plusieurs experts du SPF Santé publique et du Cerac. Il s’agit de spécialistes dans les domaines de la biodiversité, des OGM, des océans ainsi que des risques que la perte de biodiversité représente pour la santé, l’environnement et le climat.

C
ette COP16 (seizième Conférence des Parties à la Convention sur la Diversité Biologique), est la première réunion depuis l’adoption, en 2022, du Cadre mondial pour la biodiversité de Kunming-Montréal (Global Biodiversity Framework - GBF). C’est pourquoi les participants concentreront leurs efforts sur la mise en œuvre et le financement de cet accord ainsi que sur l’initiative 30X30, par laquelle 196 pays se sont engagés à protéger 30 % des océans et des terres mondiales d’ici 2030. Les débats porteront également sur la perte de biodiversité et le changement climatique, deux défis intrinsèquement liés nécessitant une approche intégrée.

Biodiversité et Gouvernance 

Au cours de la conférence, les experts examineront dans quelle mesure les pays participants ont développé leur Stratégie nationale pour la biodiversité, nécessaire pour atteindre les objectifs fixés par le GBF. La Stratégie nationale belge pour la biodiversité est en cours de révision par les autorités régionales et fédérales depuis le début de l'année 2023, sous la coordination du point de focal national de la Convention sur la Diversité Biologique. Un projet a été soumis à la consultation publique l'été dernier et les commentaires des parties prenantes sont actuellement analysés et traités. Les autorités prévoient de finaliser la Stratégie nationale pour la biodiversité révisée à la fin de 2024 ou au début de 2025. 

Les experts discuteront également de la gestion de l’invasion des espèces exotiques et du rôle du changement climatique dans ce phénomène. Ces espèces, introduites volontairement ou non en dehors de leur habitat naturel, constituent l’une des plus grandes menaces directes pour la biodiversité. 

En plus de la COP sur la Biodiversité, Cali accueille aussi les réunions portant sur les Organismes Génétiquement Modifiés et la biosécurité (Protocole de Carthagène) ainsi que celles consacrées au partage des bénéfices provenant des ressources génétiques issues de la biodiversité (Protocole de Nagoya).  

Climat 

La COP16 sur la biodiversité souligne l'interdépendance cruciale entre la biodiversité et le changement climatique. Les écosystèmes sains jouent un rôle vital dans l'atténuation et l'adaptation au changement climatique, agissant à la fois comme des puits de carbone naturels et comme des barrières contre les conséquences climatiques. Les participants discuteront de l'importance d'aligner les stratégies de conservation de la biodiversité avec les objectifs climatiques, notamment en intégrant des solutions fondées sur la nature

Un accent particulier sera mis sur la résilience des écosystèmes face aux changements climatiques. Les experts examineront comment la protection et la restauration de la biodiversité peuvent renforcer la capacité d'adaptation des écosystèmes et des communautés aux effets des changements climatiques. De plus, les discussions porteront sur la création de mécanismes de financement innovants qui soutiennent simultanément les objectifs de biodiversité et de climat

Milieu Marin 

La conférence sur la biodiversité comprend également un volet sur le milieu marin. Actuellement, le processus concernant les zones marines considérées comme particulièrement importantes d'un point de vue écologique ou biologique (Ecologically or Biologically Significant Marine Areas ou EBSAs), est en cours de révision. Les négociateurs espèrent finaliser le nouveau processus, notamment la manière dont ces zones marines d'importance écologique ou biologique peuvent être désignées et ajustées, lors de la COP16. 

Les zones marines en question sont désignées par les parties participantes comme des zones d'intérêt et d'importance pour notre planète, mais cette désignation n'implique pas automatiquement une protection. La création des aires marines protégées (MPAs) sera possible lorsque le nouvel accord sur la biodiversité au-delà des juridictions nationales (BBNJ) entrera en vigueur. La Belgique considère les EBSAs comme des sources importantes d'informations scientifiques, qui peuvent servir de base à la désignation future d'aires marines protégées à l'intérieur et au-delà de la juridiction nationale. 

Une autre discussion importante dans le volet marin porte sur la conservation et l'utilisation durable de la biodiversité marine et côtière (CSU). Cette année, les programmes de travail sur la biodiversité marine et côtière et sur la biodiversité insulaire seront révisés dans ce cadre. 

Santé 

Bien que la perte de biodiversité soit souvent associée à une menace pour la santé des plantes et des animaux, elle a aussi un impact important sur la santé humaine. Grâce à la biodiversité, la nature fournit des services écosystémiques indispensables tels que l’air pur, l’eau propre, la nourriture et les médicaments. Le GBF promeut donc une approche intégrée de la « santé », incluant l’environnement. Ainsi, les experts envisageront également comment intégrer les liens entre la biodiversité et la santé dans les autres politiques au travers d’un plan d’action global.