Les perturbateurs endocriniens font régulièrement parler d’eux en raison de leurs effets potentiellement néfastes sur la santé humaine, notamment chez les femmes enceintes et les jeunes enfants, ainsi que sur l’environnement. C’est la raison pour laquelle ils représentent aujourd’hui un enjeu majeur de santé publique. En réponse à cette problématique, les autorités belges et européennes ont adopté différentes mesures pour limiter notre exposition, ainsi que l’exposition environnementale, aux perturbateurs endocriniens. Bien qu’ils soient omniprésents dans notre quotidien, ils restent encore mal connus du grand public.

Définition et modes d’action des perturbateurs endocriniens

Qu’est-ce qu’un perturbateur endocrinien ?

Un perturbateur endocrinien (PE) est une substance chimique ou un mélange de substances chimiques (d'origine naturelle ou artificielle), non produite(s) par le corps humain, qui perturbe le fonctionnement du système endocrinien (ou système hormonal). Les PE ont un effet néfaste sur la santé de l’organisme exposé ou sur celui de la (des) génération(s) suivante(s). Au niveau de l’environnement, les dommages s’observent au sein d’une population ou d’une sous-population d’une espèce donnée. 

Le système endocrinien

Le système endocrinien implique un ensemble de glandes responsables de la synthèse et de la sécrétion des hormones dans la circulation sanguine. Elles vont agir en transmettant un message à des organes cibles via des récepteurs. De manière imagée, l’interaction hormone-récepteur pourrait s’apparenter à un système de clé (hormone) et de cadenas (récepteur). Les hormones jouent un rôle majeur dans de nombreuses fonctions biologiques ou physiologiques. Elles régulent en effet de très nombreux comportements et mécanismes de notre corps, tels que la croissance, la température corporelle, le métabolisme des graisses, la faim ou la satiété, le sommeil, la libido, la glycémie (via le niveau d’insuline), le rythme cardiaque, etc. 

Comment agit un PE ?

Les PE peuvent dérégler le fonctionnement du système endocrinien de plusieurs façons : 

  • Ils peuvent se fixer sur les récepteurs d’un organe à la place des hormones car ils ont certaines propriétés chimiques semblables, et modifier le comportement de celui-ci ou bloquer l’action des hormones en se fixant en grand nombre sur les récepteurs que ces dernières doivent utiliser.  
  • Ils peuvent interférer avec la synthèse et le transport des hormones vers les organes cibles. 
  • Ils peuvent provoquer des modifications épigénétiques, c’est à dire des modifications héritables au cours des divisions cellulaires qui modifient l’expression de l’ADN. 


Mécanisme de toxicité de PE

La toxicité d’une substance est sa capacité à provoquer des effets biologiques néfastes chez un organisme vivant qui y est exposé. La toxicologie classique est basée sur l’idée selon laquelle la dose détermine si une substance provoque ou non des effets indésirables. La toxicité aiguë (court terme) correspond aux effets indésirables qui se manifestent après une exposition unique ou sur quelques heures/quelques jours. La toxicité chronique (long terme) désigne les effets indésirables qui se manifestent après une exposition répétée, sur la longue durée, à une faible concentration de substance. 

Dans le cas des PE, une exposition continue à des substances omniprésentes dans notre environnement entraîne une toxicité chronique. Toutefois, l’effet des PE n’est pas toujours proportionnel à la dose. Parfois, on observe même des effets contre-intuitifs (un effet important à faible dose et un effet moindre à des doses plus importantes). Par ailleurs, on retrouve parmi les PE certaines substances chimiques qui peuvent difficilement être éliminées par l’organisme (bioaccumulation). Enfin, certains PE provoquent des modifications épigénétiques, ce qui peut conduire à des effets qui persistent sur plusieurs générations. 

Identification des PE



Un grand nombre de substances chimiques sont suspectées d’être des PE potentiels. En Europe, parmi 120.000 substances chimiques répertoriées par l’agence européenne des produits chimiques (ECHA), une centaine sont déjà identifiées comme PE par les autorités tandis que des milliers sont suspectées de l’être. L’augmentation du nombre de substances auxquelles est exposée la population européenne se poursuit, tout comme les risques de pollutions accidentelles. La maitrise de ces risques émergents, ainsi que la réduction des expositions multiples et répétées aux PE, représentent des enjeux prioritaires pour la protection de la santé publique et de l’environnement. 

Les experts du SPF Santé publique, Sécurité de la Chaîne alimentaire et Environnement travaillent en continu à l’évaluation de différentes substances suspectées d’être des perturbateurs endocriniens, afin de contribuer à leur identification au niveau européen. La Belgique contribue également de manière active et ambitieuse à l’évolution de la législation européenne afin de protéger la santé et l’environnement des effets néfastes de perturbateurs endocriniens. 

Le site internet edlists.org

Vous pouvez trouver des informations sur les substances pour lesquelles des propriétés perturbatrices endocriniennes ont été identifiées au niveau européen ou national sur le site Internet www.edlists.org. Ce site est alimenté par les autorités belges, danoises, françaises, néerlandaises, espagnoles et suédoises. Il comprend 3 listes de substances :   

  • Liste I : Substances identifiées comme perturbateurs endocriniens au niveau de l’UE. 
  • Liste II : Substances en cours d’évaluation pour les propriétés perturbatrices endocriniennes sous une législation européenne. 
  • Liste III : Substances pour lesquelles une autorité nationale participante a évalué les propriétés perturbatrices endocriniennes, sur base de preuves scientifiques. 

Exemples de PE identifiés en Europe

Le 4-(1,1,3,3-tétraméthylbutyl)phénol a été le premier PE identifié en décembre 2011, en tant que « Substance of Very High Concern » (SVHC), selon le règlement REACH. Depuis, de nombreuses substances ont été identifiées comme PE, telles que :

  • de nombreux phénols, dont le Bisphénol A (CAS 80-05-7), le Bisphénol B (CAS 77-40-7) et le Phénol, dodecyl-, ramifié (CAS 121158-58-5), sous REACH 
  • certains phtalates, sous REACH: Benzyl Butyl Phthalate (BBP) (CAS 85-68-7), DiEthylHexyl Phthalate (DEHP) (CAS 117-81-7), Dibutyl Phthalate (DBP) (CAS 84-74-2), DiCycloHexyl Phthalate (DCHP) (CAS 84-61-7) et DiIsoButyl Phthalate (DIBP) (CAS 84-69-5) 
  • le 3-benzylidène camphor (CAS 15087-24-8), sous REACH 
  • le Butylparaben (CAS 94-26-8), sous REACH 
  • le Polyéthylène glycol p-(1,1,3,3-tétraméthylbutyl)phényl éther (CAS 9002-93-1), sous REACH 
  • le Tris(nonylphényl) phosphite (CAS 26523-78-4), sous REACH 
  • le Cholécalciférol (CAS 67-97-0), en tant que Biocide 
  • le Mancozeb, en tant que Pesticide 
  • ...
Exposition aux PE

Où retrouve-t-on les PE ?

Les PE peuvent être présents : 

  • dans les produits de consommation courante (ex : contenants alimentaires, cosmétiques, produits d’entretien, textiles, jouets, médicaments, dispositifs médicaux, meubles, matériel de cuisine, peintures, colles, insecticides),  
  • dans l’alimentation (ex : migration de substances chimiques depuis l’emballage, résidus hormonaux ou médicamenteux dans la viande, résidus de pesticides ou de métaux lourds dans les viandes, poissons, céréales, fruits ou légumes), 
  • dans l’environnement (air, eaux, sols et végétaux). 

Modes d’exposition aux PE

Un organisme peut absorber les PE de différetnes façons :

  • par inhalation (ex: aérosols chimiques, peintures…), 
  • par ingestion, à travers l’alimentation (ex: via les emballages en plastique, les encres, les colles, le papier et le carton recyclés, les laques, les PE présents naturellement dans certains aliments, les additifs alimentaires…), la consommation de médicaments ou en suçant certains articles (ex: enfants portant des jouets ou de la terre à la bouche), 
  • par contact cutané (ex: cosmétiques et produits de soin, matériaux de construction, textiles, agents antibactériens, retardateurs de flammes contenus dans les matelas, tapis ou sièges pour enfants…), 
  • par la circulation sanguine (ex: exposition du foetus via le placenta de sa mère). 

Périodes critiques d’exposition aux PE et populations vulnérables

 

La toxicité des PE dépend également de la période d’exposition à ces substances. Les périodes critiques sont toutes les phases durant lesquelles les hormones sont particulièrement impliquées dans le développement d’un organisme, en particulier la période pré-natale.



Pour les animaux, les populations vulnérables incluent donc les femelles gestantes, les foetus et les jeunes en cours de développement. Chez les êtres humains, les femmes enceintes et les enfants à naître font partie des populations les plus vulnérables, de même que les bébés au début de la période postnatale et les jeunes enfants. Les adolescents sont également plus vulnérables en période de puberté. 

Une perturbation du système hormonal, en particulier lors de certaines périodes du développement comme la gestation ou la puberté, peut entraîner des conséquences irréversibles telles qu’une malformation des organes génitaux chez le fœtus. Les effets peuvent apparaître directement ou n’être visibles que plusieurs années après l’exposition.  Certains PE peuvent même produire des effets qui se transmettent entre les générations.  

Par ailleurs, les personnes ayant une prédisposition génétique à développer certains cancers ainsi que les patients souffrant d’une pathologie hormono-dépendante font également partie des populations vulnérables. Cela concerne notamment les patients cancéreux traités par chimiothérapie ou hormonothérapie. 

En outre, certains groupes de population peuvent se révéler fragiles en raison du risque accru d'exposition aux produits chimiques, en vivant par exemple dans certaines zones à forte concentration en polluants. 

Impact des PE sur la santé et l’environnement

Les principales pathologies induites par une exposition aux perturbateurs endocriniens sont des problèmes du système reproducteur, de développement cérébral, d’autisme, d’obésité, de diabète et de cancers.


Bien que la cause de certaines maladies soit souvent multifactorielle, on observe une accumulation de preuves établissant que l’absorption de perturbateurs endocriniens a des effets sur :

  • le système reproducteur : malformations génitales, cryptorchidie chez les nouveau-nés, troubles de la puberté, mauvaise qualité du sperme, taux trop faible d’androgènes, cancer des testicules ou de la prostate, fibromes utérins, endométriose, problèmes mammaires bénins (kystes), cancer du sein ou du col de l’utérus, problèmes de fertilité ; 
  • ​le système immunitaire : perturbations du système immunitaire, maladies auto-immunes, cancers ; 
  • le système cardio-pulmonaire : hypertension, accident vasculaire cérébral, asthme ; 
  • le système nerveux : diminution du Quotient Intellectuel (QI), troubles cognitifs, autisme, trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH), maladies mentales, maladies d’Alzheimer et de Parkinson ; 
  • la croissance ; 
  • le métabolisme : obésité, diabète de type 2 ; 
  • la thyroïde : troubles thyroïdiens.  

Les effets sur l’environnement


 

De nombreuses substances chimiques à usage domestique, industriel ou agricole peuvent avoir un impact sur l’environnement, telles que les substances utilisées dans les cosmétiques, les substances anabolisantes présentes dans l'alimentation animale, les phytoœstrogènes (œstrogènes d’origine végétale), les Polluants Organiques Persistants (POPs), les médicaments, les produits biocides, etc. 

L’exposition de certaines matrices environnementales (air, eaux, sols, boues de stations d’épuration) à ces substances est démontrée. Certains sols sont pollués par des épandages de pesticides, d’engrais et/ou de boues contaminées, par les retombées des émissions de polluants aériens et/ou par les décharges d’ordures ou de métaux. Certaines eaux superficielles ou souterraines sont également contaminées par des pesticides, des hydrocarbures et/ou des aérosols. Enfin, certains résidus chimiques ont été détectés dans les effluents des réseaux d'égouts résidentiels, industriels et urbains.  

Par ailleurs, il a été prouvé que les PE ont déjà pénétré l’habitat naturel d’animaux sauvages. Une exposition à ces substances provoque des effets dommageables sur des fonctions vitales pour la santé et la survie de nombreuses espèces (invertébrés, poissons, amphibiens, reptiles, oiseaux, mammifères) comme la croissance, le développement et la reproduction.



Les effets suivants ont été détectés : 

  • Une altération de la fonction reproductive, du développement et/ou un changement de sexe chez des poissons mâles exposés aux eaux usées de stations d’épuration ou d’usines de papier ; 
  • Des anomalies reproductives et des problèmes thyroïdiens chez certains reptiles (alligators, tortues…) exposés à des POPs , induisant une diminution significative du nombre d’individus ; 
  • Des malformations de l'appareil reproducteur et une diminution des performances de reproduction ; 
  • Des problèmes de reproduction, des anomalies de la thyroïde et/ou une baisse des taux d'hormones thyroïdiennes chez certaines populations de mammifères (cétacés, phoques…) $POPs. abitant dans des zones polluées par des POPs
Quelles mesures les autorités européennes mettent-elles en œuvre ?


Réglementation sur les produits chimiques 

Les produits chimiques sont réglementés dans l’Union européenne par différentes législations dont : 

  • le Règlement REACH n°1907/2006 concernant l’enregistrement, l’évaluation, l’autorisation et les restrictions des substances chimiques, 
  •  le Règlement CLP n°1272/2008 relatif à la classification, l’étiquetage et l’emballage des substances et des mélanges.  

Des législations spécifiques codifient également les produits biocides, les produits phytopharmaceutiques , les jouets, les produits cosmétiques, les aliments, les médicaments et les dispositifs médicaux, les eaux minérales naturelles et les eaux de sources, les déchets...

Evolution de la politique européenne vis-à-vis des PE

 

En décembre 1999, elle a arrêté une première stratégie communautaire concernant les PE, basée sur plusieurs axes prioritaires : sensibilisation de la population, approfondissement de la recherche, action politique et coordination internationale (COM (1999) 706). En 2011, suite à l’identification du Bisphenol A comme PE, la fabrication et la vente de biberons en polycarbonate à partir de Bisphénol A ont été interdites dans l’Union Européenne.  

En décembre 2017, des critères scientifiques d’identification des PE ont été intégrés dans les législations réglementant les produits phytopharmaceutiques et biocides. 

En 2018, la Commission européenne a adopté une nouvelle stratégie décrite dans la communication « Towards a comprehensive European Union framework on Endocrine Disruptors ». Les législations européennes ont ensuite été analysées afin de déterminer leur cohérence par rapport aux PE et d’évaluer leur impact global sur la santé et l’environnement dans le cadre du « Fitness Check on Endocrine Disruptors ». Le rapport du Fitness Check a été publié en octobre 2020 et conclut sur la nécessité d’actions réglementaires à l’échelle européenne. 

Le Parlement européen a également accordé une attention considérable à la question des PE. Dans la résolution sur "un cadre européen global pour les PE" du 18 avril 2019, il a appelé à réduire l'exposition aux PEs dans l'UE. La demande d'un cadre européen global a également été réaffirmée dans une résolution sur la "Stratégie sur l'utilisation durable des produits chimiques" en juillet 2020. 

En octobre 2020, la Commission européenne a adopté dans le cadre du Pacte Vert pour l’Europe la « Stratégie pour la durabilité dans le domaine des produits chimiques – Vers un environnement exempt de substances toxiques ». Cette stratégie  contient une série d’actions spécifiques aux PE, visant entre autres à contribuer à leur identification, à les interdire dans les produits de consommation sauf en cas d’usage essentiel et à renforcer la protection des travailleurs. Une révision et une harmonisation du cadre réglementaire européen  est également envisagée pour REACH et CLP. Il est notamment prévu d’ajouter une nouvelle classe de danger spécifique aux PE dans le règlement CLP. 

Programmes de recherche scientifique européens


 

Plusieurs programmes de recherche européens en lien avec les produits chimiques sont actuellement en cours, comme : 

  • Le programme « European Cluster to Improve Identification of Endocrine Disruptors » (EURION) qui regroupe 8 projets de recherche complémentaires dédiés au développement de nouvelles méthodes d’identification des PE (athena, ERGO, SCREENED, edcmet, GOLIATH, OBERON, ENDpoiNTs et freia). 
  • Le programme de recherche et d'innovation « Partnership for the Assessment of Risk from Chemicals » (PARC). Son objectif est de soutenir l'évaluation et la gestion des risques chimiques au niveau européen. Les nouvelles données, connaissances et méthodes devraient permettre de relever les défis actuels et émergents en matière de sécurité chimique et faciliter la transition vers une évaluation des risques de nouvelle génération afin de mieux protéger la santé et l’environnement. 

L’Ecolabel européen

Par ailleurs, l’Union européenne a développé avec les états membres l’Ecolabel européen, un label écologique officiel basé sur des critères environnementaux stricts. Ce label joue un rôle essentiel dans la mise sur pied d’une production et d’une consommation durables, en offrant aux consommateurs européens la garantie de reconnaître des produits de qualité, respectueux de l'environnement et de la santé.  

Il existe plus de 20 catégories de produits porteurs de l’Ecolabel européen (ex: cosmétiques, détergents, peintures, textiles, meubles, hébergements touristiques…). Pour chacune d’elles, des critères spécifiques auxquels les produits doivent se conformer sont définis, contrôlé et révisés régulièrement. 

L’une des actions du plan d’action national sur les PE (NAPED) consistera à uniformiser et renforcer les critères d’exclusion concernant les PE pour les produits porteurs de l’Ecolabel européen, à chaque révision de ces critères. L’objectif est d’interdire l’utilisation de tous les PE identifiés dans les critères d’attribution de l’Ecolabel européen. A l’heure actuelle, le caractère PE d’une substance n’est pris en considération que pour les produits cosmétiques. 

Quelles mesures les autorités belges mettent-elles en œuvre ?

Avis du Conseil Supérieur de la Santé 

En 2013, le Conseil Supérieur de la Santé a émis un un avis sur les PE : leurs effets à faible dose, la relation dose-effet particulière et les périodes critiques de sensibilité. En mai 2019, le Conseil Supérieur de la Santé a émis un avis sur l’hygiène de l’environnement physico-chimique et l’importance des expositions en début de vie. Cet avis fournit entre autres une liste de conseils pratiques afin de limiter notre exposition aux PE. 

Rapport d’information du Sénat

En mars 2018, le Sénat a publié un rapport d’information concernant « la nécessaire collaboration entre l’autorité fédérale, les Communautés et les Régions en ce qui concerne la prévention et l’élimination de perturbateurs endocriniens présents dans les produits de consommation, en vue de promouvoir la santé publique » en Belgique. Ce rapport inclut une liste de 72 recommandations dont l’élaboration d’un plan d’action national sur les perturbateurs endocriniens, en concertation avec les scientifiques, les entreprises et la société civile. 

Plan d’action national sur les perturbateurs endocriniens (NAPED)

Historique 

En décembre 2019, les différents ministres belges de la santé et de l’environnement ont approuvé l’élaboration du premier plan d’action national sur les PE.  

De janvier 2020 à février 2022, de nombreuses phases de consultation ont eu lieu avec les administrations compétentes, les parties prenantes et la société civile. Un groupe de travail « PE », constitué d’experts d’autorités compétentes au niveaux fédéral, régional et communautaire, a notamment été mis en place. Une consultation publique a également été organisée de décembre 2021 à février 2022. 

En 20 juin 2022, le  NAPED a été  adopté par les ministres belges de la santé et de l’environnement.  Son élaboration est le résultat d’une collaboration étroite entre l’Etat fédéral, les Régions et les Communautés, qui sont impliqués dans son implémentation dans le cadre de leurs compétences respectives. Sa mise en oeuvre est prévue de mi-2022 à fin 2026. 

Objectifs du NAPED 

Ce plan vise essentiellement à  

  • établir un cadre global et cohérent permettant le développement d’actions concrètes et concertées, ayant pour objectif de diminuer l’exposition aux PEs et de réduire leurs conséquences au niveau de la santé et de l’environnement, en Belgique, 
  • augmenter la visibilité des actions entreprises de la part des autorités compétentes auprès de la population et des parties prenantes, afin de conserver leur soutien et leur confiance. 

Le genre et les populations vulnérables, sont également prise en compte dans le cadre des différentes actions, afin de définir les publics risquant d’être les plus exposés aux PE tant sur le plan biologique que sociologique. Certaines actions pourront également être promues dans le cadre des projets européens en cours. 

Axes du NAPED 

Le NAPED s’articule autour de 3 axes complémentaires : 

  • L’axe « prévention », qui regroupe les actions de sensibilisation et de formation des différents public-cibles ; 
  • L’axe « réglementation », qui comporte les actions visant à renforcer le cadre juridique au niveau national et/ou européen pour réduire la présence des PE et mieux protéger les populations vulnérables ; 
  • L’axe « recherche scientifique », qui vise à soutenir les études sur les PE et à promouvoir de nouvelles méthodes d'identification harmonisées au niveau européen. 

La mise en oeuvre et la coordination du NAPED au niveau national seront assurées par plusieurs organes de gouvernance et sera évalué à différentes périodes afin d’améliorer les actions mises en œuvre. 

Exemples d’actions du NAPED 

Actuellement, la majorité des perturbateurs endocriniens (PE) identifiés au niveau européen sont identifiés en tant que substances extrêmement préoccupantes (SVHC), sous la réglementation REACH.  C’est pourquoi une des actions (fiche-action B.3) du plan d’action national sur les perturbateurs endocriniens (NAPED) prévoit l’adhésion de la Belgique en 2023 au projet européen AskREACH.   

Chaque consommateur peut télécharger l’application mobile Scan4Chem, développée dans le cadre du projet AskREACH. Cette app permet d’identifier plus facilement la présence de SVHC, dont les PE, dans des articles de consommation en scannant leur code-barres. Ce projet ASKREACH permet également de rencontrer les objectifs de la fiche-action A.3 visant à accélérer la sensibilisation du secteur industriel et des acteurs de la distribution quant à la présence de substances extrêmement préoccupantes (dont les PE) dans certains articles, afin d’accélérer la substitution de ces substances et la mise sur le marché d’articles de consommation plus sains. 

Moi-même, que puis-je faire pour limiter l’impact des PE ?

Prendre soin de soi et de ses proches :


 
  • Pendant la grossesse et l’allaitement, une réduction de l’usage des produits cosmétiques permet de diminuer l’exposition aux substances chimiques. Certains produits comme les colorations capillaires et les vernis à ongles peuvent contenir des perturbateurs endocriniens. Il est également préférable de choisir des produits sans parfum. 
  • Pour laver bébé, privilégiez les produits simples, l’eau et le savon. Les produits non rincés, comme les lotions et les lingettes, restent en contact prolongé avec la peau et l’exposition à leurs composants est donc plus importante. Les substances parfumantes et les conservateurs peuvent notamment provoquer des allergies.  
  • Il est conseillé de laver le linge et les vêtements neufs avant leur première utilisation afin d’éliminer les substances chimiques dont ils peuvent être imprégnés. 
  • Avant de donner les jouets aux enfants, on les lave si possible ou on les aère après les avoir sortis de l’emballage car ils peuvent contenir des substances nocives comme des retardateurs de flammes, des phtalates, des bisphénols…    
  • Privilégiez les produits porteurs de l’Ecolabel, qui prévoit pour les produits cosmétiques l’exclusion des perturbateurs endocriniens identifiés à ce jour 

Aliments et boissons :


 
  • Des PE comme les bisphénols ou les phtalates peuvent migrer des contenants en plastique vers l’alimentation. C’est également le cas des vernis recouvrant les surfaces intérieures des récipients métalliques. Les contenants en verre sont à privilégier, surtout lorsque l’on réchauffe des aliments au micro-ondes.  
  • Afin de limiter le risque d’ingérer des résidus de pesticides, il est préférable d’épluchez les fruits et les légumes. On peut aussi privilégier les aliments issus de l’agriculture biologique.  
  • Les poêles antiadhésives peuvent contenir des PE qui risquent de passer dans les aliments lorsque leur revêtement est abîmé ; il est donc conseillé de les remplacer quand elles sont abîmées.  
  • Les poissons prédateurs comme le thon et l’espadon accumulent les métaux lourds dans leur chair ; il est préférable de ne pas en consommer plus d’une fois par semaine.
Scan4Chem Mobile App 
 

Chaque consommateur peut télécharger l’application mobile Scan4Chem , développée dans le cadre du projet AskREACH. Disponible en Belgique depuis 2023, cette app permet d’identifier plus facilement la présence de substances extrêmement préoccupantes dont les perturbateurs endocriniens dans des articles de consommation en scannant leur code-barres. 

Dans la maison : 


 
  • Pour limiter la pollution de l’air intérieur, il est conseillé d’aérer son logement une à deux fois par jour pendant une dizaine de minutes et de le dépoussiérez régulièrement avec un chiffon humide. Certains PE comme les retardateurs de flamme présents dans de nombreux produits peuvent s’accumuler dans l’air intérieur et les poussières. 
  • Pour éliminer les odeurs désagréables, l’aération de la pièce est à préférer aux sprays et autres diffuseurs de parfums qui diffusent des polluants dans l’air.  
  • Lorsque vous achetez de nouveaux meubles ou que vous rénovez votre habitation, veillez à bien aérer afin d’éviter la concentration dans votre lieu de vie de substances nocives volatiles. 

Au travail :


 
  • L'exposition aux perturbateurs endocriniens et aux substances suspectées d'en être peut se produire dans de nombreux secteurs. Vous pourrez trouver des informations détaillées sur la prévention des risques liés à l’exposition aux PE dans le cadre du travail sur le site internet du Centre de connaissance belge sur le bien-être au travail : Perturbateurs endocriniens | Beswic
  • Si vous êtes enceinte et que vous avez un employeur, informez-le de votre grossesse le plus rapidement possible et suivez les mesures de prévention déterminées avec le médecin du travail. Pour plus d’information, vous pouvez consulter Protection de la maternité - Service public fédéral Emploi, Travail et Concertation sociale (belgique.be)