Vers une biomasse plus durable

Notre économie utilise en quantité importante des matériaux issus de la biomasse, c’est-à-dire d’origine principalement végétale mais aussi animale. Le bois, le coton, les huiles, le papier, les biocarburants, les pellets pour le chauffage, le cuir, la laine en sont autant d’exemples. Ces matériaux sont considérés comme renouvelables, mais jusqu’à quand ? En effet, ils font l’objet d’ une demande toujours plus grande qui engendre une forte pression sur la nature. Il est donc nécessaire de rendre cette biomasse durable pour que les générations futures puissent aussi en bénéficier.

Qu’est-ce que la biomasse ?

La biomasse peut être définie comme toute matière d’origine vivante, qu’elle soit végétale ou animale. Les biomatériaux (ou matériaux issus de la biomasse ) ont des formes et des fonctions très variées. Ils peuvent se classer en trois grandes catégories :

• l’alimentation : humaine (huile, féculent, élevage,…) et animale (fourrage) ;

• l’énergie : le bois de chauffage, les pellets, les biocarburants (bioéthanol et biodiesel),  … ;

•  les matériaux : le bois (construction, ameublement), les fibres (vêtements, textiles, papiers, cartons, filtres, cordes, isolants,…), les huiles (comme matière première pour lubrifiants, surfactants, peintures,…), l’amidon (pour des matériaux biodégradables, les colles, …), et les sucres (pour la fabrication de détergents et cosmétiques), les colorants végétaux,… 

Si la biomasse est exploitée depuis des millénaires, son exploitation se diversifie et s’étend à présent à des applications liées aux nouvelles technologies (biocarburants, bioplastiques à base d’amidon).

 La biomasse dans notre économie
 Les tendances actuelles

La biomasse dans l’économie belge  : quelques chiffres

Les statistiques des dernières années montrent que la quantité de matériaux utilisés en Belgique tous secteurs confondus est d’environ 17,5 tonnes par an et par habitant. Les biomatériaux constituent plus du quart de ces matériaux. 

Les graphiques repris ci-dessous donnent, pour l’année 2009, une estimation des quantités de biomasse utilisées, en Belgique pour différents usages et indiquent de quelle plante ou de quel animal elles proviennent.

Alimentation humaine et animale, en tonnes. 

Biomasse utilisées en tant que matériaux, en tonnes

 

Biomasse utilisée par le secteur chimique, en tonnes
 
 

Biomasse à usage énergétique, en tonnes

A la lecture de ces graphiques, il apparaît que les premières utilisations industrielles et énergétiques de la biomasse en Belgique sont destinées aux :

- applications matérielles et énergétiques (en particulier via l’utilisation du bois et des dérivés des céréales) ;
- applications alimentaires (céréales et sucre en majorité) ;
- et enfin aux applications dans le secteur de la chimie (surtout pour les céréales).

Il faut noter que les biens importés (et donc la plupart des tissus et vêtements vendus sur notre marché) ne sont pas repris dans ces graphiques.

Ces données sont extraites de l’étude intitulée “ Studie ter kwantificering van de biomassastromen, geproduceerd en geïmporteerd in het territorium van het Belgische koninkrijk met het oog op de productie van energie en van industriële producten “,  réalisée par VITO en 2012.

Les nouvelles utilisations de la biomasse

Les biocarburants comme les bioplastiques ou les agents de surface d’origine végétale pour les détergents sont des applications qui dépendent de l’exploitation de la biomasse et qui connaissent un succès qui va croissant.

La biomasse est devenue un élément important pour le futur développement de l’industrie européenne qui représenterait un chiffre d’affaires de 2 000 milliards d'EUR (dans toute l’Europe) et de l’emploi pour 22 millions de personnes, selon la Communication de la Commission européenne « L'innovation au service d'une croissance durable: une bioéconomie pour l'Europe ».

L’exploitation de la biomasse constitue donc un enjeu important tant du point de vue économique que social et implique des secteurs aussi variés que l’agriculture et la pêche, les métiers du bois, de la construction et du traitement des déchets, ceux de la pharmacie et de l’énergie, …
Cependant, si aucun encadrement n’est proposé, les ressources issues de la biomasse considérées comme renouvelables, risquent de ne plus l’être. Petit à petit, les politiques liées à l’utilisation de la biomasse tentent de tenir compte de cette dimension environnementale. C’est le cas notamment des mesures prises en matière de biocarburants, de bois légal et de promotion du bois certifié,

Aujourd’hui il existe une prise de conscience politique des enjeux liés à la biomasse. Mais de nombreux défis subsistent et doivent être relevés afin de pouvoir exploiter les ressources naturelles de manière durable et renouvelable et de continuer à bénéficier des services offerts par la nature.