La substance active bentazone est autorisée en Belgique uniquement pour des usages agricoles. Suite à la présence de cette substance active dans les eaux souterraines, aussi bien en Région flamande qu’en Région wallonne, des mesures visant à la protection de ces eaux avaient déjà été prises dans le passé. L’utilisation dans diverses cultures telles que les pommes de terre, les  céréales, le maïs sauf contre le souchet comestible a ainsi été interdite. Par la suite, des mesures supplémentaires telles qu’un renforcement des conditions liées aux types de sol ont été prises pour protéger les eaux souterraines. Plus récemment, l’usage contre le souchet comestible en maïs a également été retiré.

Sur base des dernières données de surveillance dans les eaux souterraines, il s’avère que la situation ne s’est pas améliorée. Les mesures visant à la protection des masses d’eaux souterraines ne sont apparemment pas suffisantes ou ne sont pas suffisamment respectées. En ce qui concerne les eaux de surface, les concentrations de cette substance active dans les eaux de surface en Région flamande mènent dans certains cas au déclassement de masses d’eaux de surface destinées à la production d'eau potable.

Par ailleurs, la bentazone est une substance active essentielle pour les cultures de pois, haricots verts, fèves et féveroles. Elle permet notamment de combattre les adventices telles que le Datura et la morelle noire, adventices qui produisent des fruits toxiques ne pouvant pas se retrouver dans la chaîne alimentaire.

Sur base de ces constations, et sur avis du Comité d’agréation des pesticides à usage agricole, les autorisations des produits à base de bentazone ont été adaptées encore une fois.

Les produits BASAGRAN SG (1195P/P, 1398P/P et 8771P/B ­­– 870 g/kg bentazone) restent autorisés en haricots verts et en pois (récoltés secs, petits pois, pois verts avec cosse et pois fourragers). Les usages en oignons, échalotes, bégonias tubéreux et culture de graminées (pour production de semences) sont retirés avec effet immédiat, sans période de grâce pour l’utilisation des stocks.

Le produit CORUM (10210P/B – 480 g/l bentazone + 22,4 g/l imazamox ) reste autorisé en haricots verts, pois (récoltés secs, petits pois, pois verts avec cosse, pois fourragers) et fèves et féveroles. Les usages en luzerne et trèfle (pour production de semences) sont retirés avec effet immédiat, sans période de grâce pour l’utilisation des stocks.

Afin de protéger les eaux souterraines, les mesures existantes sont maintenues :

  • Respecter une zone non traitée de minimum 5 mètres par rapport aux eaux de surface. Cette zone non traitée ne peut en aucun cas être réduite;
  • Ne pas appliquer la bentazone sur sol vulnérable au lessivage. Sont considérés comme vulnérables (une seule de ces conditions suffit à classer le sol comme vulnérable) :
    1. les sols dont la teneur en carbone organique de la couche arable est ≤ 1%
    2. les sols présentant une nappe phréatique à une profondeur ≤ 1 mètre par rapport à la surface du sol
    3. les sols présentant de la roche karstique à une profondeur ≤ 1 mètre par rapport à la surface du sol.

Afin de protéger les eaux de surface et souterraines, les mesures suivantes supplémentaires sont imposées :

  • En plus d’une zone tampon de 5 mètres par rapport aux eaux de surface, des techniques réduisant la dérive de minimum 75% doivent être utilisées ;
  • On ne peut pas semer de pois, de haricots verts, de fèves ou de féveroles le long des cours d’eau sur une largeur de 5 mètres ;
  • Préalablement à l'application des produits à base de bentazone, l'utilisateur doit s'assurer que la parcelle agricole à traiter ne se situe pas dans une zone de captage d'eau destinée à la consommation humaine. L'utilisation de la substance active bentazone n'est pas autorisée dans les zones de protection de type II qui sont délimitées par application de l'arrêté du Gouvernement flamand du 27 mars 1985 (modifié par le VLAREM I (B. VI. R. 06/02/1991) et II (B. Vl. R. 01/06/1995) et dans les zones de prévention (zone IIa et IIb) qui sont délimitées par application de l’arrêté du Gouvernement wallon du 12 février 2009 ;
  • Une évaluation doit être faite par le détenteur de l’autorisation, le titulaire du permis de commerce parallèle et/ou le secteur concerné pour déterminer si les parcelles enregistrées sont situées dans l'une des zones d’exclusion énumérées sur l’acte d’autorisation. L'autorisation d'utiliser des produits à base de bentazone ne pourra pas être accordée pour une parcelle située dans l'une de ces zones d’exclusion ;
  • Les parcelles sur lesquelles les pois, les haricots verts, les fèves et féveroles pourront être semées et pour lesquelles le producteur envisage un traitement avec des produits à base de bentazone doivent être enregistrées (de préférence avec les coordonnées GPS) ;
  • Ces enregistrements des parcelles doivent être soumis aux autorités régionales compétentes en matière d'environnement et d'agriculture avant l'application des produits à base de bentazone.
  • La vente des produits à base de bentazone est liées aux superficies en pois, haricots verts, fèves et féveroles. Cette disposition sera mise en œuvre par Vegebe (Fédération de la transformation belge de légumes et de commerce en légumes industriels) en collaboration avec les fournisseurs de semences, le titulaire des autorisations et les titulaires de permis de commerce parallèle.

Le maintien des usages en pois, haricots verts, fèves et féveroles est conditionné à une amélioration de la situation dans les eaux souterraines et les eaux de surface. Une amélioration de la situation dans les eaux de surface est déjà attendue dans le courant de l’année 2024. Sans amélioration de la situation, tous les usages seront interdits.

Les mesures sont à respecter dès maintenant même si les étiquettes des produits présents sur le marché ne sont pas encore adaptées.