Lors de la dernière réunion du Traité de l’Antarctique qui s’est déroulée à Helsinki dans la capitale finlandaise, plusieurs décisions importantes ont été prises. A l’initiative de notre pays, une zone de protection spéciale (ASPA) a été établie non loin de la station Princesse Elisabeth. L’interdiction de l’exploitation des ressources minérales du Continent Blanc a également été réaffirmée. Avec l'intérêt croissant des touristes, des pêcheurs, des aventuriers et des scientifiques, l'Antarctique a plus que jamais besoin de la protection du traité.



Zone de protection spéciale ("ASPA") dans la partie occidentale des montagnes Sør Rondane, près de la station Princess Elisabeth.  © Cyrille d'Haese
 

Création d'une nouvelle "zone de protection spéciale" à l'initiative de la Belgique

La 45e Assemblée consultative du Traité sur l’Antarctique s'est déroulée cette année du 28 mai au 8 juin à Helsinki.  La Belgique, qui travaille activement à la protection de l'environnement antarctique, a soumis une proposition visant à désigner une zone spécialement protégée en Antarctique (“Antarctic Specially Protected Area” soit ASPA) près de la station de recherche scientifique belge Princesse Elisabeth. La proposition a été minutieusement préparée par les experts du SPF Santé (Service Biodiversité et Gouvernance) avec l'aide de plusieurs scientifiques belges et internationaux qui étudient l'écosystème spécifique de l'Antarctique.
 


Notre délégation belge au Comité pour la protection de l'environnement. De gauche à droite : Annick Wilmotte (Université de Liège, experte en micro-organismes antarctiques), Stephanie Langerock et Nils Vanstappen (SPF Santé publique, Service Biodiversité & Gouvernance).
 

Lors de la réunion annuelle, la création de cette ASPA a été approuvée par consensus. Elle interdit notamment l'accès à cette ASPA à des fins non scientifiques ou touristiques. 
 
Cette zone a reçu cette protection spéciale en raison de la beauté de ses paysages. La grande variété de ses roches antarctiques, ou "nunataks", méritait également une protection particulière. Ces roches contribuent au maintien de la biodiversité dans cet écosystème si particulier. Elles accueillent des  mousses, des mousses courtes ou des lichens qui constituent autant d’abris pour micro-organismes essentiels. Le statut d'ASPA garantit la protection de cette biodiversité unique, des organismes les plus petits aux plus grands.


Nunataks avec mousses dans la zone spécialement protégée ("ASPA") près de la base Princess Elisabeth
© Beatriz Roncero Ramoz, Damien Ernst et Valentina Savaglia

 

L'exploitation minière reste interdite

La réunion a également réaffirmé l'interdiction de l'exploitation des ressources naturelles prévue par le protocole de Madrid. Le gaz, le pétrole et les minéraux sont une richesse, mais ils menacent également le sous-sol du continent et les eaux de l'Antarctique. L'interdiction d'exploitation reste donc indéfinie dans le temps. Cette décision n'est réversible que par unanimité des membres de l'ATCM ;  ce qui est bonne chose pour la protection de l'environnement antarctique. 
 

Le Traité sur l'Antarctique : un traité unique

Le 1er décembre 1959, 12 états fondateurs, dont la Belgique, ont signé le Traité sur l'Antarctique, à Washington D.C. Il s'agit du premier grand traité à placer une partie de la planète sous un régime juridique international spécifique. En effet, seules les activités pacifiques telles que la recherche scientifique sont autorisées dans l’Antarctique, excluant ainsi toutes les mesures à caractère militaire.

Dans les années 1980, la Belgique a été l'un des premiers pays en faveur de la négociation d'un protocole additionnel pour protéger l'environnement de l'Antarctique. Les négociations ont abouti au protocole de Madrid, qui est entré en vigueur en 1998. Le protocole a pour but de protéger l'Antarctique contre les activités liées aux ressources minérales qui ne servent pas à la recherche scientifique.