Notre pays a signé hier le nouveau traité BBNJ lors d’une cérémonie officielle à New York. Cette signature constitue une étape essentielle dans la perspective d’une ratification rapide du traité, qui devrait conduire à une meilleure protection des océans au-delà des juridictions nationales. La Belgique est également candidate pour accueillir le secrétariat du traité. Sa campagne a également été lancée hier.

Le 20 septembre s’est tenue à New York la cérémonie officielle de signature du Traité BBNJ dans le cadre de l'Assemblée générale des Nations Unies. C’est le ministre de la Mer du Nord, Vincent Van Quickenborne, qui s’est chargé de signer ce nouveau traité pour notre pays. Pour célébrer cette signature, la Belgique – en collaboration avec le Costa Rica, la France et l'Union européenne – a organisé un petit-déjeuner sur le thème du BBNJ, auquel ont participé les actrices Jane Fonda et Sigourney Weaver, entre autres. Les nombreux ministres et chefs d'État présents se sont engagés à atteindre rapidement les 60 ratifications nécessaires à l'entrée en vigueur du traité. L’objectif est d’y parvenir d’ici la Conférence des Nations Unies sur les océans en 2025.

        

À gauche : Le ministre de la Mer du Nord, Vincent Van Quickenborne, signe le traité BBNJ au nom de la Belgique. À droite : En compagnie de l'actrice et militante Jane Fonda lors de l'événement petit-déjeuner BBNJ à New York (© Little Village Films).

La Belgique candidate au Secrétariat du BBNJ à Bruxelles

À New York, la campagne a également été lancée pour obtenir l’installation du secrétariat du traité BBNJ à Bruxelles. Notre pays, en tant que haut lieu de la diplomatie accueillant de nombreuses institutions internationales, a le profil adéquat pour ce faire. De plus, notre pays a toujours été un pionnier en matière de protection des milieux marins. À titre d’exemple, 37 % du territoire de la mer du Nord belge sont d’ores et déjà désignés comme réserve naturelle protégée.  En 2019, la Belgique faisait également partie des membres fondateurs de l'alliance internationale Blue Leaders qui ont oeuvré pour l'adoption de la convention des Nations unies visant à protéger 30 % de nos océans d'ici 2030. En tant que Blue Leader, la Belgique continuera à l’avenir à tout mettre en œuvre pour créer rapidement la première réserve naturelle en haute mer.

Le secrétariat du BBNJ sera une institution distincte, qui ne sera donc pas placée sous l'égide des Nations unies à New York. Cette distinction est essentielle pour permettre de donner du poids à cette nouvelle convention et ainsi faire face au lobbying inévitable qui naîtra de la détermination future de zones naturelles en haute mer. Un secrétariat distinct et un budget propre offriront les garanties nécessaires pour son indépendance. Une fois la convention mise en œuvre, il va sans dire que l’atteinte des objectifs de protection de la haute mer dépendra essentiellement de l'efficacité de son secrétariat.

Logo #BBNJBrussels
Le logo de la campagne pour obtenir l’installation du secrétariat du traité BBNJ à Bruxelles.

L'importance de l'océan

Les océans recouvrent près de deux tiers de la terre et sont les poumons bleus de notre planète. Ils produisent de l'oxygène et jouent un rôle clé de tampon contre le réchauffement climatique. En effet, les océans absorbent environ un tiers du CO2 émis dans l'atmosphère par les activités humaines. Toutes ces fonctions contribuent à réduire le réchauffement de la terre et à stabiliser le climat. Par ailleurs, les océans abritent une riche biodiversité qui est tout simplement indispensable pour leur permettre de continuer à remplir ces fonctions essentielles.

La communauté scientifique a par ailleurs confirmé à maintes reprises que ces fonctions sont effectivement essentielles pour notre planète. Or, la pollution, la pêche excessive et d'autres activités humaines affectent aussi négativement nos océans.

Traité BBNJ

Si le changement climatique est indéniable, ses conséquences sont encore évitables. Avec l'accord sur la protection et la conservation de nos océans, une étape importante a été franchie en mars 2023. Le traité pour la protection de la biodiversité des zones ne relevant pas de la juridiction nationale (BBNJ- Biodiversity Beyond National Jurisdiction) a été conclu après 17 ans de négociations au sein des Nations unies. La Belgique a joué un rôle actif dans l'élaboration et la finalisation de ce traité.

Le traité BBNJ reconnaît que seul un océan sain et protégé – où la biodiversité prospère et où l'impact des activités humaines est limité – peut jouer un rôle essentiel dans la réduction des effets du changement climatique. Même en dehors des juridictions nationales, l'humanité a l'obligation de protéger intégralement le milieu marin et suivant un degré élevé de protection. Le traité fournit le cadre juridique nécessaire à cet effet.

Réserves naturelles protégées en haute mer

Désormais, il sera possible de créer, entre autres, des zones naturelles en haute mer, à savoir en dehors des eaux territoriales et des zones économiques exclusives ainsi qu’en dehors des zones de juridiction nationale. Démarche qui n'était pas possible en haute mer jusqu'à présent, laissant deux tiers de l'océan sans aucun cadre pour être protégés. Actuellement, seuls 1,2 % des océans sont des zones naturelles protégées.

Les zones naturelles en haute mer sont des zones où les activités humaines sont très strictement réglementées : navigation durable, recherche scientifique dans le respect de la nature, tourisme nautique durable, pas de pêche effrénée, …

Notre pays, notamment par le biais de la création de l'alliance internationale des Blue Leaders, plaide depuis longtemps en faveur d'une protection d'au moins 30 % de l’océan d'ici 2030. Les scientifiques s'accordent à dire que cette démarche est nécessaire pour que les océans soient résilients face au changement climatique. Ce taux de 30 % permettrait d’atteindre le point de basculement pour que les 70 % restants demeurent vivables.

Outre les zones naturelles en haute mer, le traité règle également l'accès aux ressources génétiques marines ainsi que le partage équitable des bénéfices qui en découlent, l’évaluation des incidences sur l’environnement des activités en haute mer, le renforcement des capacités et le transfert de technologies marines. A l'instar du traité sur le climat, ce traité prévoit également l’organisation annuelle d’une « conférence des parties ».